Pourquoi les étudiants sont dans la rue

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Les étudiants vont battre le pavé ce 9 mars, aux côtés des salariés, pour combattre le projet de loi de Myriam El Khomri. Une journée pour faire valoir leurs inquiétudes quant à l’insertion dans la vie active. Et un test pour le gouvernement de Manuel Valls.

Mais que viennent ils faire dans les manifestations de ce 9 mars contre le projet de loi sur le Code du travail ? La mobilisation des lycéens et des étudiants peut laisser dubitatif tant le texte de Myriam El Khomri ne les concerne pas directement. La grogne des jeunes, qui pourrait se muer en grosse colère, est à chercher dans le contexte économique et social hexagonal des dix dernières années.

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« Précaires un jour, précaires toujours ? » interroge l’Union nationale lycéenne (UNL) qui voit dans le projet du gouvernement « une offensive sans précédent contre les jeunes et les salarié(e)s. » La FIDL, l’autre organisation lycéenne, prévient : « Jeunesse sans avenir, ça va mal finir ! » L’Unef, le syndicat étudiant de gauche, fait lui un parallèle avec le contrat premier embauche (CPE) imaginé par le gouvernement Villepin en 2006.

Et tacle François Hollande, en voyant dans l’actuel projet de loi une façon de « fêter » les 10 ans du CPE. Dans le mouvement étudiant, le CPE reste la dernière grande mobilisation organisée par les jeunes. C’est aussi le souvenir d’une victoire syndicale. À l’époque, le chef de l’État Jacques Chirac avait renoncé à appliquer le dispositif sous la pression de la rue.

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Incompréhension

Pour Jean-Philippe Legois, chercheur associé au centre d’histoire de l’IEP Paris et président de la Cité des mémoires étudiantes, la thématique de la précarité remonte même plus loin. « En 1986, le mouvement étudiant contre la loi Devaquet qui entendait instaurer une sélection à l’entrée de l’université portait déjà l’inquiétude de la jeunesse quant à son « employabilité ». Refuser à certains l’accès en fac allait les disqualifier dans leur insertion professionnelle, rappelle-t-il. Le mouvement anti-CPE s’inscrivait aussi dans une dimension un peu plus générale. À côté du CPE qui se voulait une réponse aux émeutes des banlieues de 2005 portée par la loi pour l’égalité des chances, le gouvernement avait instauré le contrat nouvel embauche (CNE) ».

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L’incompréhension de la jeunesse est aussi à chercher dans les injonctions auxquelles elle est soumise vis-à-vis du monde du travail. À coups de stages à répétition et de formation professionnalisante et adaptée aux besoins des entreprises… « Dans le temps long, c’est le décalage entre les mesures portées par le projet de loi travail et les injonctions permanentes à se former pour être des salariés plus que des citoyens qui nourrissent l’incompréhension des jeunes », ajoute Jean-Philippe Legois.

Grève par procuration

Pour le chercheur, tous les ingrédients présents il y a 10 ans sont encore là. Reste à savoir si la mobilisation prendra. Car les jeunes de 2006 ne sont pas ceux de 2016. Depuis, la crise économique s’est ancrée dans le pays et la jeunesse a intériorisé la précarité associée au travail. Au cours de la dernière décennie, elle ne s’est pas massivement mobilisée. Les dernières manifestations, pas franchement réussies, remontent à 2009, contre la Loi Pécresse qui instaurait l’autonomie des universités.

Les réseaux sociaux ont aussi joué à plein dans la préparation de la manifestation de ce mercredi 9 mars. L’essai sera-t-il transformé? Les jeunes vont-ils descendre dans la rue massivement ou vivre cette grève par procuration en se contentant de retwitter et de « liker » les prises de positions des plus militants sans les rejoindre sur le pavé ?

Lors du mouvement anti-CPE, la cité des mémoires étudiantes avait recensé près de 220 sites internet, plus ou moins éphémères, consacrés à la mobilisation. Autre interrogation, la greffe entre le mouvement des salariés et celui des jeunes va-t-elle prendre, croître et embellir? Dans tous les cas, la manifestation du 9 mars restera dans l’histoire du mouvement étudiant. C’est en effet la première fois qu’un gouvernement de gauche parvient à se mettre à dos la jeunesse française.

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