Alors que l’inflation fragilise le quotidien des Français depuis plusieurs mois, les minimas sociaux ne suffisent malheureusement pas à couvrir les dépenses pour les familles disposant de revenus modestes. Le collectif associatif Alerte a tiré sur la sonnette d’alarme. Selon lui, le pays est en passe de basculer vers la précarité.
Minimas sociaux : enjeux et définition
Les minimas sociaux sont des aides délivrées par les organismes publics dans le but de garantir un revenu minimal à une personne qui vit dans la précarité. Ces prestations sont délivrées sous conditions de ressources et ne requièrent aucune contrepartie de cotisations en échange. Tout dépend donc d’une logique d’assistance. Ce qui n’est pas le cas de la prime chômage plutôt basée sur une logique d’assurance. En effet, pour prétendre à ces aides, il convient de procéder à des cotisations périodiques.
Parmi les nombreux minimas sociaux, nous pouvons citer :
- Le RSA ou revenu de solidarité active : il s’agit d’un complément de revenu pour les personnes qui sont privées d’emploi et pour celles qui viennent de retourner sur le marché du travail
- L’AAH ou allocation aux adultes handicapés est une aide financière destinée aux personnes en situation de handicap en vue de soutenir leur pouvoir d’achat. Elle répond à plusieurs critères d’éligibilité : taux d’incapacité, âge, lieu de résidence, niveau de ressources…
- L’ASS ou allocation spécifique de solidarité est destiné à ceux qui ont épuisé leurs droits au chômage. Pour une personne célibataire, le plafond de revenus est fixé à 1271 € contre 1998 € dans le cas d’un couple en concubinage, marié ou pacsé.
- L’ASPA ou allocation de solidarité aux personnes âgées est une aide mensuelle destinée aux retraités qui ont des ressources limitées et qui habitent en France. Elle est délivrée par la MSA ou la caisse de retraite suivant le profil du bénéficiaire.
Un taux de revalorisation qui ne passe pas
Selon les experts à la tête du collectif d’associations luttant contre la précarité, la situation des allocataires de minimas sociaux devient de plus en plus préoccupante. Dans un communiqué officiel, ils ont tenu à lancer une alerte générale : « Les foyers modestes subissent depuis 2021 une hausse conséquente des prix qui ne s’est pas traduite par une hausse équivalente des minimas sociaux ».
Pierre Madec et Noam Leandri estiment que le taux revalorisé des minimas sociaux ne suffise pas à couvrir les dépenses quotidiennes compte tenu du contexte de forte inflation. A ce propos, ils soulignent : « En avril 2023, l’augmentation des minimas sociaux étaient fixés à 1,6% alors que l’inflation devait tourner dans les alentours de 5% en 2023. L’Etat s’est justifié en évoquant une hausse exceptionnelle de 4% appliquée par anticipation en juillet 2022 ».
Devant cette situation d’urgence, les deux économistes trouvent que le taux mis à jour n’est pas adapté aux conditions actuelles. Il en va de même pour la date prévue pour son lancement, à savoir le 1er avril 2024. Dans leur prise de parole, les deux experts soulignent : « Finalement, une revalorisation pour le mois d’avril risque d’être trop tardive compte tenu de l’accroissement de la pauvreté liée à ka flambée des prix des produits alimentaires ».
160 000 Français risquent de périr dans la précarité
Pour démontrer les effets de cette revalorisation des minimas sociaux, le collectif a pris exemple sur le micro-simulateur proposé par l’Insee, la caisse d’allocations familiales et la Drees. Selon ces observateurs, il y aurait plus de 200 000 foyers qui risquent de basculer dans la pauvreté à cause de cette faible revalorisation du taux des minimas sociaux. Seul espoir : que le pouvoir d’achat s’améliore et que le taux de chômage se stabilise. Reste à savoir si ce cri d’alarme lancé par le collectif sera entendu par le gouvernement pour que ce dernier puisse prendre les dispositions nécessaires afin de redresser la barre. C’est tout ce qu’on espère. Affaire à suivre !